Je met bien les guillemets, parce que l'objectif de cet article, c'est justement de montrer que cette phrase n'a pas de sens !
 |
Les filles, c'est double nul |
Pourtant, j'avoue, cette phrase je l'ai déjà prononcée, je l'ai déjà pensée... J'y repense en ce moment, parce que j'ai lu ce week end un article à la fois passionnant et affligeant : Mar_Lard, gameuse et féministe active, a écrit sur le blog Genre ! un long texte très fourni sur le sexisme dans le milieu "geek", à base d'exemples très variés, je vous le met en lien
ici. C'est très long, prévoyez un bon moment pour le lire, mais au delà de l'aspect choquant des insultes et harcèlements présentés, ça amène à réfléchir sur beaucoup de chose. Notamment, dans les commentaires sous l'article, sur Twitter et Facebook, y'a quelque chose qui est ressorti et qui m'a interpellée, parce que je me suis sentie concernée.
L'article parle du fait que dans ce milieu, il est courant quand on est une fille de ne pas être prise au sérieux, d'être sans cesse ramenée à son physique/ses attributs féminins/"manque" d'attributs masculins, de se voir sans cesse rappelée qu'en tant que femelle, on se doit d'être douce, délicate, pompette avec gorgées de kir royal, qu'on doit aimer le rose et le sucré mais en même temps, on est de sacrées hypocrites, des allumeuses, des commères, des jalouses, etc. Et surtout, dans les commentaires que j'ai lu, on évoque les filles qui entrent dans le jeu du sexisme en reprenant ces clichés.
Je suis moi-même passée par cette phase
(et je sais que je ne suis pas la seule) où je revendiquais fièrement le fait de ne pas être "une vraie fille", d'avoir plus d'amis que d'amies
(même si, quand j'y pense, ça n'a jamais vraiment été le cas). Quand j'y repense, j'en suis plus si fière.
Je me souviens notamment d'une soirée où des potes avaient tourné une vidéo graveleuse, une sorte de parodie de téléshopping à base d'outils et d'emploi inapproprié
(voilà voilà...) et au moment de la visionner
(j'étais la seule fille au milieu d'un groupe de gars), un des mec dit "Oula, faudra pas montrer ça aux filles, hein" ! J'ai donc levé un sourcil étonné, pour m'entendre répondre : "Oh, mais toi, c'est pas pareil, t'es pas une vraie fille". J'avais été super flattée, trop contente de me sentir bien intégrée à ce groupe, et pas ramenée à tous les clichés cités au-dessus.
Comme si c'était moins valorisant d'être fille. Ou comme si le fait de faire des blagues de cul et d'avoir une bonne descente minimisait mes deux chromosomes X
(d'ailleurs, est-ce qu'on peut vraiment définir le fait d'être une fille par ses deux chromosomes X ? C'est encore une autre question...).
Je crois que tant qu'on a pas un regard critique sur notre société
(les films, la pub, les livres, les jeux vidéos...), on intègre bien trop facilement tout ces clichés sur notre genre, sans même s'en rendre compte. Je suis sûre que je ne suis pas la seule à avoir eu des réticences à intégrer un groupe de filles en pensant que l'ambiance allait être tendue et à me dire que "avec les gars, c'est plus simple, c'est moins prise de tête.
Alors certes, des fois, ça arrive qu'un milieu très féminin soit difficile à vivre
(n'est-ce pas Habana ?), mais est-ce que c'est vraiment lié au statut féminin des personnes qui le compose ? Et pas tout simplement aux caractères des personnes ? Ou alors, c'est parce que les membres de groupes ont eux/elles-mêmes intégré toutes ces images d'Epinal de "la fille", et voient systématiquement leurs collègues comme des commères, des jalouses ? Partant sur le principe que l'ambiance va être mauvaise, c'est dur d'arriver détendu-e et convivial-e et de sympathiser.
Franchement, avec toutes les filles adorables que je connais, j'ai du mal à imaginer qu'elles sont toutes de potentielles connasses, ou alors j'ai tiré le gros lot, et je ne connais que les exceptions qui confirment la règle ! J'en connais aussi, des filles que j'aime pas, a priori, à peu près autant que des gars : comme on dit, y'a des con-ne-s partout.
Actuellement, je bosse dans un environnement très très féminin et je vais bosser avec plaisir. Pas de tensions, pas de jalousies quelconques. J'ai deux classes dans lesquelles j'enseigne : l'une composée de 90 % de filles, l'autre de 70 % de gars.
Dans la première, l'ambiance de classe est très bonne, tout le monde se parle, les binômes varient à chaque projet, personne n'est mis de côté, et la dynamiques est bonne. Dans la deuxième, il y a ceux-celles qui se parlent, et ceux-celles qui sont mis de côté, aucun partage, des moqueries, pas d'entraide, bref, pas la joie. Tout le contraire de ce à quoi on pourrait s'attendre finalement...
Alors dites-moi, vous aussi, vous êtes passées par ce stade du "je suis pas une vraie fille/les filles c'est nul" ? Vous l'expliquez comment ?