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mercredi 20 mars 2013

"Les filles c'est nul"

Je met bien les guillemets, parce que l'objectif de cet article, c'est justement de montrer que cette phrase n'a pas de sens !

Les filles, c'est double nul
Pourtant, j'avoue, cette phrase je l'ai déjà prononcée, je l'ai déjà pensée... J'y repense en ce moment, parce que j'ai lu ce week end un article à la fois passionnant et affligeant : Mar_Lard, gameuse et féministe active, a écrit sur le blog Genre ! un long texte très fourni sur le sexisme dans le milieu "geek", à base d'exemples très variés, je vous le met en lien ici. C'est très long, prévoyez un bon moment pour le lire, mais au delà de l'aspect choquant des insultes et harcèlements présentés, ça amène à réfléchir sur beaucoup de chose. Notamment, dans les commentaires sous l'article, sur Twitter et Facebook, y'a quelque chose qui est ressorti et qui m'a interpellée, parce que je me suis sentie concernée.

L'article parle du fait que dans ce milieu, il est courant quand on est une fille de ne pas être prise au sérieux, d'être sans cesse ramenée à son physique/ses attributs féminins/"manque" d'attributs masculins, de se voir sans cesse rappelée qu'en tant que femelle, on se doit d'être douce, délicate, pompette avec gorgées de kir royal, qu'on doit aimer le rose et le sucré mais en même temps, on est de sacrées hypocrites, des allumeuses, des commères, des jalouses, etc. Et surtout, dans les commentaires que j'ai lu, on évoque les filles qui entrent dans le jeu du sexisme en reprenant ces clichés.

Je suis moi-même passée par cette phase (et je sais que je ne suis pas la seule) où je revendiquais fièrement le fait de ne pas être "une vraie fille", d'avoir plus d'amis que d'amies (même si, quand j'y pense, ça n'a jamais vraiment été le cas). Quand j'y repense, j'en suis plus si fière.

Je me souviens notamment d'une soirée où des potes avaient tourné une vidéo graveleuse, une sorte de parodie de téléshopping à base d'outils et d'emploi inapproprié (voilà voilà...)  et au moment de la visionner (j'étais la seule fille au milieu d'un groupe de gars), un des mec dit "Oula, faudra pas montrer ça aux filles, hein" ! J'ai donc levé un sourcil étonné, pour m'entendre répondre : "Oh, mais toi, c'est pas pareil, t'es pas une vraie fille". J'avais été super flattée, trop contente de me sentir bien intégrée à ce groupe, et pas ramenée à tous les clichés cités au-dessus.

Comme si c'était moins valorisant d'être fille. Ou comme si le fait de faire des blagues de cul et d'avoir une bonne descente minimisait mes deux chromosomes X (d'ailleurs, est-ce qu'on peut vraiment définir le fait d'être une fille par ses deux chromosomes X ? C'est encore une autre question...).

penelope-jolicoeur.com

Je crois que tant qu'on a pas un regard critique sur notre société (les films, la pub, les livres, les jeux vidéos...), on intègre bien trop facilement tout ces clichés sur notre genre, sans même s'en rendre compte. Je suis sûre que je ne suis pas la seule à avoir eu des réticences à intégrer un groupe de filles en pensant que l'ambiance allait être tendue et à me dire que "avec les gars, c'est plus simple, c'est moins prise de tête.

Alors certes, des fois, ça arrive qu'un milieu très féminin soit difficile à vivre (n'est-ce pas Habana ?), mais est-ce que c'est vraiment lié au statut féminin des personnes qui le compose ? Et pas tout simplement aux caractères des personnes ? Ou alors, c'est parce que les membres de groupes ont eux/elles-mêmes intégré toutes ces images d'Epinal de "la fille", et voient systématiquement leurs collègues comme des commères, des jalouses ? Partant sur le principe que l'ambiance va être mauvaise, c'est dur d'arriver détendu-e et convivial-e et de sympathiser.

Ceci est une harpie
Franchement, avec toutes les filles adorables que je connais, j'ai du mal à imaginer qu'elles sont toutes de potentielles connasses, ou alors j'ai tiré le gros lot, et je ne connais que les exceptions qui confirment la règle ! J'en connais aussi, des filles que j'aime pas, a priori, à peu près autant que des gars : comme on dit, y'a des con-ne-s partout.

Actuellement, je bosse dans un environnement très très féminin et je vais bosser avec plaisir. Pas de tensions, pas de jalousies quelconques. J'ai deux classes dans lesquelles j'enseigne : l'une composée de 90 % de filles, l'autre de 70 % de gars.

Dans la première, l'ambiance de classe est très bonne, tout le monde se parle, les binômes varient à chaque projet, personne n'est mis de côté, et la dynamiques est bonne. Dans la deuxième, il y a ceux-celles qui se parlent, et ceux-celles qui sont mis de côté, aucun partage, des moqueries, pas d'entraide, bref, pas la joie. Tout le contraire de ce à quoi on pourrait s'attendre finalement...

Alors dites-moi, vous aussi, vous êtes passées par ce stade du "je suis pas une vraie fille/les filles c'est nul" ? Vous l'expliquez comment ?
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3 commentaires:

  1. Je suis entièrement d'accord avec tout ton article, et c'est vrai que je suis aussi passée par cette phase de "je suis pas une vraie fille et j'en suis fière" - le côté véliplanchiste, breakdanseuse, avec une carrure de nageuse, des baggys et des baskets aidant à la crédibilité dans ce rôle -. Maintenant je m'assume comme une vraie fille, même avec ma carrure, même avec mon langage de pas princesse du tout, même avec mon amour pour le horseball - nan parce que mes potes quand je leur en parle même eux en tant qu'hommes ils trouvent ça bourrin, mais ce sont des danseurs de salsa, ils sont ptet moins bourrins que des rugbymen à la base...-. En bref, la conclusion c'est que tu peux être une fille de plein de manières, même avec des caractéristiques qui sont plutôt estampillées mec - encore qu'on m'a dit récemment que je portais très bien mes épaules de camionneur, mais c'est un prof de fitness/muscu qui me l'a dit, ça compte ? ^^-.

    Concernant les fameuses "ambiances de filles" dont je suis victime, je pense que c'est surtout du au fait que certaines nanas ont bien intégré le cliché "je suis une fille donc je suis comme ça", et que quelque part, la dynamique de groupe fait qu'il y'a un entrainement collectif à la médisance et la jalousie. Tout comme toi, j'ai toujours été dans des groupes de nanas géniales dans lesquels il n'y avait pas du tout ce genre de soucis. Mais je crois vraiment que le dynamique de groupe et les clichés y sont vraiment pour quelque chose.

    Un exemple tout con : je n'ai jamais entendu une de mes amies dire du mal d'une fille parce qu'elle s'habillait court ou sexy, alors que dans ma boite, les filles en mettent plein la gueule à une commerciale qui a de jolis attributs et les met très bien en valeur - sans vulgarité hein -, en disant qu'elle, c'est surement pas par son talent de commerciale qu'elle arrive à son chiffre. Ça me choque. c'est comme si ces nanas ne pouvaient pas envisager le fait qu'on puisse être jolie ET compétente, que forcément si une fille jolie réussit, c'est grâce à son physique. Et franchement ça me fait mal au coeur d'entendre ça sortir de la bouche de nanas, qui devraient justement se battre pour que ce genre de cliché disparaisse, pour qu'une fille puisse mettre un décolleté sans qu'on la prenne pour une allumeuse. On devrait avoir le droit de s'habiller comme on le veut sans que cela amène le moindre commentaire, et rien que déjà là, on a encore un chemin terrible à parcourir pour enfin arriver à l'égalité - je me rends compte que c'est quand même terrible de devoir se battre tous les jours pour un truc aussi con que ça -.

    - Au passage, jeudi soir dernier je suis allée manger avec elle avant mon cours de bachata, et le lendemain j'avais des remarques sur le petit short que je portais pour aller danser, avec deux collants en dessous pourtant hein, pour bien que ce soit opaque...-

    Tout ça pour dire, je pense que si les ambiances de filles sont si pourries, c'est parce que les filles qui les composent sont des nanas qui acceptent et mêmes véhiculent les fameux clichés sur les filles. Quelque part et tu l'as très bien dit, on en a tous, et s'en défaire, c'est hyper difficile, je pense qu'il n'y a pas une seule fille qui n'en soit pas au moins un peu victime, de ce conditionnement. Et c'est triste.

    - Bonjour le roman, si j'ai pourri la page de commentaires, sorry -

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  2. Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit toutes les deux :)
    Et puis je rajouterais que c'est pas parce qu'on n'est pas "féminine", qu'on ne sait pas se maquiller sans se mettre la brosse du mascara dans l'oeil (ça fait mal...), qu'on aime bien porter jeans-polaire-basket, qu'on aime pas le shopping... tout ça tout ça, ben c'est pas pour ça qu'on n'est pas des filles, des vraies :)
    Bisous les poulettes,
    LN

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  3. C'est super intéressant ton article, moi personnellement j'ai toujours été plus entouré par les filles, j'ai été dans des classes de filles. J'ai jamais eu beaucoup d'amis garçons parce que j'aime pas tellement ce rapport, justement quand on me dit que c'est moins prise de tête, je comprend pas tellement parce qu'il y a toujours un rapport de séduction, je trouve ça compliqué à gérer. Après je m'entend absolument pas avec toutes les filles de la terre, loin de là.

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